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•  Groupe « L'arc méditerranéen entre réseaux de territoires et territoire-réseaux »
   (resp. L. Grasland, K. Emsellem)

Contexte scientifique et enjeux de la recherche

La notion d'arc méditerranéen connaît un certain succès depuis le début des années 1990. Mais que savons-nous réellement de sa structuration, de son fonctionnement et de ses dynamiques spatiales ? Certes, en première analyse, l'Arc désigne des territoires qui se disposent géographiquement du détroit de Gibraltar à l'Ouest au détroit de Messine à l'Est, en formant un arc de plus de 3000 kilomètres de longueur. Mais constitue-t-il pour autant une forme d'organisation originale et fortement structurante pour les territoires qui le composent ou qui l'entourent ? En parlant d'Arc Méditerranéen en Géographie, caractérisons-nous plus que la façade méditerranéenne de l'Europe occidentale, qui concerne l'Espagne, la France et l'Italie et identifions-nous plus que l'un des grands espaces de développement régional de l'Union européenne ? Finalement, que savons-nous réellement de ce territoire transfrontalier, si ce n'est qu'il s'agit d'un ensemble de régions de richesses relatives, de métropoles millénaires, de côtes touristiques voire d'associations inter-régionales ? Des recherches universitaires (cf. travaux de l'UMR ESPACE) ou des groupements d'acteurs (cf. publications de l'Observatoire des Territoires et de la Métropolisation dans l'espace méditerranéen) se sont déjà attachés à dégager les principales caractéristiques de cette portion d'espace méditerranéen en mettant l'accent sur les processus de métropolisation et de cohésion qui s'y déroulent. La diffusion de ces travaux a même fait recette. Acteurs publics et privés utilisent cette notion d'Arc Méditerranéen pour positionner leurs projets, leurs collectivités territoriales, leurs associations interrégionales ou vendre leurs entreprises. Mais l'identité de ce territoire est encore floue et nécessite une réactualisation en fonction de trois enjeux :

  • L'Arc Méditerranéen dans l'espace européen

Saisir l'émergence et le fonctionnement de l'Arc Méditerranéen suppose de tenir compte du contexte européen. Si l'Europe se construit par la disparition progressive de l'échelle nationale, elle se met en place aussi et surtout par la constitution de réseaux trans-nationaux de coopération de différentes natures (entre individus, entre régions, entre villes, entre entreprises, etc.) [UNI 04]. Les solidarités transfrontalières, souvent encore en création, fondent l'Europe d'aujourd'hui et de demain : il importe donc de bien les connaître. Les instances européennes y sont d'ailleurs attentives et financent des projets de coopérations transfrontalières ou des programmes de connaissances sur l'intégration régionale (par exemple, le projet INTERREG III B PAMEL@ : Portail de l'Arc Méditerranéen Latin, 2005-2008). Au risque d'une marginalisation, la question légitime est de savoir quelle place l'espace défini par l'Arc Méditerranéen occupe en Europe, d'une part face à la « mégalopole européenne » ou à « l'Arc atlantique », et d'autre part face aux pays de la rive sud de la Méditerranée pour jouer un rôle d'interlocuteur privilégié (cf. travaux préparatoires du SDEC – le Schéma de l'espace communautaire – au début des années 90). Plus encore, l'enjeu se situe en termes de connaissances du fonctionnement de cette zone : la définition des enjeux stratégiques de l'Arc Méditerranéen dans l'Europe nécessite l'identification de son organisation et de ses dynamiques territoriales. Notre projet de recherche entend contribuer à cette attente.

  • La structuration de l'Arc Méditerranéen par les réseaux .

Jusqu'ici, les acquis de connaissance sur l'Arc Méditerranéen ont porté plus sur les dynamiques et les potentialités de cet espace que sur les réseaux de relations déjà constitués. On sait que l'Arc Méditerranéen est caractérisé par la présence de plusieurs corridors de peuplement denses, avec des infrastructures de transports terrestres plus ou moins complètes selon le mode considéré (autoroutier, ferroviaire classique, grande vitesse ferroviaire) et la distance au littoral (corridors desservant les villes littorales, corridors reliant les métropoles internes). Ces corridors transversaux ont été développés tardivement par rapport à des relations plus classiques, reliant les métropoles nationales et littorales de chaque pays (de Barcelone vers Madrid, de Marseille vers Lyon et Paris, de Gênes vers Milan et Turin). Incontestablement, les connexions transversales terrestres actuelles en Europe bouleversent la morphologie traditionnelle des réseaux nationaux. Quelles autres mises en réseau, quels autres flux (entreprises, institutions, télécommunications, relations et échanges socio-culturels,…) confirment un fonctionnement de cet espace comme un système au-delà des morphologies terrestres ? On peut supposer que l'évolution d'un territoire suit celle des infrastructures de transports qui le desservent s'il y a « congruence » entre ces derniers et les projets de acteurs territoriaux [OFF 93]. D'autres auteurs soulignent la nécessité d'appréhender l'organisation réticulaire d'infrastructures et d'acteurs pour en évaluer la « proximité organisationnelle » [BUR 96, 97], [PLA 03]. C'est donc en prenant appui sur ce champ théorique des réseaux que nous souhaitons analyser l'Arc Méditerranéen.

  • Un outil d'aide à la décision sur l'Arc Méditerranéen .

D'une certaine manière, la mise en valeur de l'Arc Méditerranéen dépend de la capacité des décideurs publics (européens, nationaux, régionaux) et des acteurs privés à le considérer comme un espace de compétitivité à part entière présentant des potentialités réelles de développement. Or, cette possibilité ne peut être réalisée que si ces acteurs ont une appréhension globale de ce territoire et de son développement. Par exemple, une entreprise choisira plutôt de s'installer dans l'espace de l'Arc Méditerranéen si elle connaît les atouts et les contraintes de cette localisation. De même, une collectivité territoriale sera plus efficace dans son développement et dans sa promotion touristique si elle arrive clairement à positionner son territoire parmi l'offre touristique globale de l'Arc Méditerranéen. Les enjeux de la connaissance ne se situent donc pas seulement dans la sphère universitaire. En conséquence, les recherches que nous souhaitons mener s'inscrivent dans une perspective d'aide à la décision à destination des acteurs, en leur fournissant des connaissances et des bases de données sur cet espace.

 

Acquis et positionnement de l'UMR Espace par rapport à d'autres équipes de recherche

L'identité géographique d'ESPACE est fondée sur les territoires méditerranéens, champ de recherche de nombre de ses chercheurs. Des analyses sur l'identification de l'Arc Méditerranéen, cette façade latine qui englobe les littoraux et leurs arrière-pays en Espagne, en France et en Italie, ont déjà été réalisées par l'Equipe. En 1992, Christine VOIRON [VOI 92] finalise les premiers travaux sur l'Arc Méditerranéen en montrant comment les espaces à l'intérieur de cette zone possèdent des formes d'organisation et des types d'évolutions semblables, au-delà des tendances nationales et des décalages dans le temps. Elle traite de la question de l'existence d'une nouvelle entité régionale, homogène et intégrée [VOI 03a]. Par la suite, d'autres réflexions ont renvoyé à des analyses de ce territoire en tant qu'espace produit par des facteurs géographiques avec une logique d'organisation spécifique, renforcé par un projet de coopération entre des espaces en croissance [GRA 94]. Plus récemment, l'étude des relations entre nouveaux projets d'infrastructures de transport et développement d'un réseau de villes a permis de renforcer l'hypothèse de l'existence de cette structure macro-régionale qu'est l'Arc Méditerranéen [FUS 05a].

Au cours du quadriennal 2000-2003, ces recherches sont approfondies collectivement, explorent comment l'Arc Méditerranéen constitue un « système territorial émergent » [VOI 03] et renforcent, par là-même, l'identification de cet espace transnational. Dans une perspective d'analyse systémique, ces travaux montrent comment la mise en réseaux des lieux contribue à une dynamique d'arc, à travers plusieurs thématiques : l'interaction entre la dynamique démographique et la densification des réseaux [GRA 03], les infrastructures de transports [CHA 03], le développement des aires urbaines [VOI 03b], la proximité et le voisinage entre les villes [KAD et al 03] ou encore l'organisation spatiale des sites web [DUF 03]. Cependant, ces recherches ne constituent qu'une approche encore partielle de l'Arc Méditerranéen pour deux raisons. Premièrement , les travaux ne portent pas sur le même ensemble de lieux, ni sur les mêmes échelles, ne permettant pas ainsi de mettre en évidence une cohérence de l'ensemble de l'Arc Méditerranéen. La fragmentation de ces travaux est évidente dans certaines recherches qui s'attachent à comparer ponctuellement des lieux discontinus, par exemple à propos de la congestion des réseaux routiers urbains [APP 03], du fonctionnement des marchés immobiliers [OLI 03] ou de la relation ville-transports-environnement [FUS 04]. Bien sûr, ces recherches apportent des connaissances spécifiques sur certains espaces, mais sont peu utiles à la reconnaissance de l'éventuelle homogénéité ou du fonctionnement particulier d'un large territoire qu'est l'Arc Méditerranéen. En conséquence, le projet actuellement proposé imposera à tous ses participants de tenir compte de l'ensemble de l'Arc Latin même par larges morceaux pour conserver cette cohérence de questionnement. Deuxièmement , ces travaux permettent de renforcer l'hypothèse de l'existence de l'Arc Méditerranéen, en détectant des espaces homogènes ou discontinus. Il s'agit d'une étape fondamentale, mais encore insuffisante. En effet, il reste encore beaucoup à explorer sur les modalités d'intégration spatiale de cette zone, sur le fonctionnement des interactions qui s'y déroulent, et sur les points forts et faibles de cet Arc. Ce sont ces aspects que nous souhaitons approfondir dans ce projet.

Plus largement, ces recherches thématiques sur l'Arc Méditerranéen menées au sein d'ESPACE sont à compléter par d'autres compétences pour réaliser notre projet. Dans des aspects connexes, des travaux sont réalisés sur les territoires transfrontaliers, qui sont stratégiques pour la cohésion et le fonctionnement de l'Arc [PER 99], [EMS 04], [FUS 06]. Des acquis sur les réseaux de villes et les structures urbaines européennes pourront directement [KAD 04] ou indirectement [EMS 00] nourrir le travail.

En outre, d'autres laboratoires de recherche et des organismes publics et privés réalisent des travaux sur l'Arc Méditerranéen. De manière générale, il faut relever la rareté des travaux portant sur l'ensemble de l'arc, et par contre, le grand nombre d'études sectorielles sur les dynamiques territoriales d'espaces qui se localisent dans l'Arc. Au début des années 90, dans le cadre des travaux de prospective de la DATAR , le groupe sur « L'avenir du bassin méditerranéen », dirigé par Xavier Gizard, s'est s'interrogé sur la cohésion des territoires de la rive nord de la Méditerranée [GIZ 93]. Parallèlement, quelques trop rares analyses tentent d'aborder l'Arc Méditerranéen dans son ensemble, même de manière très générale : le Centre de Culture Scientifique et Industrielle « Provence Méditerrannée » à travers un cycle de conférences [CCS 93] ; la revue « Méditerranée » à travers un numéro spécial [MED 94] ; et des recherches italiennes sur l'interaction entre environnement et urbanisation [COR 95]. Depuis, il n'y a pas eu de groupes de recherche focalisant leurs travaux sur la structuration de l'Arc Méditerranéen dans son ensemble. En effet, qu'elles portent sur la métropolisation de l'espace méditerranéen français [JAG 05], sur les formes de coopération interrégionales en France [AMA 04], sur les répercussions des grandes infrastructures de transport terrestres (Débat public sur la LGV - Ligne à Grande Vitesse, 2005 ; [DEC 05, 06], [FUS 05b], [DEC et al 05], les recherches réalisées ne l'ont été que sur des territoires plus limités que l'ensemble de l'Arc Méditerranéen, surtout lorsqu'elles s'attachaient à comprendre l'interaction entre réseaux et territoires. Par ailleurs les études et présentations cartographiques de nombreuses thématiques relatives à l'aménagement menées à l'échelle de l'Europe ne proposent pas d'analyses particulières sur l'Arc Méditerranéen [ ora 06].

En conséquence, la mise en évidence des dimensions réticulaires de l'Arc Méditerranéen nécessite encore de nombreux investissements, autant dans la connaissance produite avec des outils pertinents que dans sa reconnaissance par les acteurs privés ou publics. Ce constat et des opportunités de recherches au sein du Laboratoire amènent à prolonger les études déjà produites.

Le laboratoire ESPACE entend alors poursuivre ses recherches sur ce qu'il n'a formulé jusqu'à présent qu'à titre d'hypothèses dans l'interprétation des processus de mises en réseau : sur-détermination des réseaux à longue portée sur les réseaux locaux ; tendance à la poursuite des interconnexions et à la spécularité (reproduction de forme) des réseaux ; émergence d'un méta-réseau.

 

Objectifs généraux et hypothèses de travail du groupe de recherche

La perspective que nous proposons est d'étudier les relations entre organisation de l'espace et structuration des réseaux dans le territoire d'ensemble de l'Arc Méditerranéen. Notre approche n'est pas fondée sur l'analyse des réseaux en soi, mais sur les interactions entre réseaux et territoires, et sur la manière dont des réseaux transcrivent et construisent un territoire.

Nos hypothèses fondamentales sont au nombre de quatre. Premièrement , nous pensons que des réseaux – de toutes sortes – puissants, cohérents et efficaces sont obligatoirement associés à de véritables systèmes spatiaux, parce qu'ils en constituent la structure et la force même. En ce sens, l'Arc Méditerranéen ne peut exister selon nous que parce que des réseaux sous-tendent sa cohérence, son fonctionnement, sa forme et sa dynamique. Deuxièmement , il nous semble que l'émergence et la pérennisation d'un système spatial dans nos sociétés actuelles se mesure à l'intensité et à la complémentarité d'échanges fondamentalement calés sur des logiques de réseaux – ce qui se traduit aussi par un accroissement des mobilités. Ainsi, si l'Arc Méditerranéen peut être pensé comme un système spatial, on doit alors pouvoir identifier des dynamiques de croissance et d'interconnexion de réseaux et une intensification des échanges. Troisièmement , dans l'interaction réseau / territoire, le jeu des échelles spatiales paraît fondamental, dans la mesure où nous pensons que les réseaux s'articulent entre eux pour fonder un méta-réseau, lui-même à l'origine d'un territoire plus englobant. En ce sens, si l'arc méditerranéen existe, c'est parce qu'il est le fruit d'interactions à la fois régionales et de niveau supérieur. Quatrièmement , nous faisons l'hypothèse qu'une structuration macro-régionale en forme d'arc a des implications sur l'organisation de l'espace. En effet, parce qu'elle paraît canaliser des caractéristiques et des dynamiques spatiales, la forme en arc pourrait faciliter certains types d'évolutions territoriales, à travers par exemple des effets de « concentration axiale » qui seraient autant d'incitateurs à la localisation de certaines activités (logistique, services, etc.). Plus globalement, ces quatre hypothèses s'inscrivent dans le postulat général de notre projet qui est que les réseaux constituent un mode aujourd'hui majeur de construction des territoires, en produisant des effets sur leur fonctionnement et leur attractivité. L'enjeu du groupe de travail est donc de démontrer ces quatre hypothèses.

Cinq questionnements distincts concernant l'approche géographique des interactions réseaux / territoire dans l'Arc Méditerranéen ont été identifiés dans le groupe de travail. Plusieurs types de réseaux sont déjà repérés et feront l'objet d'analyses approfondies : réseaux d'entreprises avec le projet Pamel@ à Nice, réseaux de transports, réseaux urbains, réseaux des TIC, réseaux de la production de connaissances via les centres de recherche et les universités, réseaux touristiques etc.

L'une des premières perspectives de travail est de comprendre le profil et le fonctionnement de l'Arc Méditerranéen à partir de l'analyse des réseaux . La question centrale est de savoir comment des interconnexions entre des lieux sur plusieurs thématiques peuvent produire une structuration en arc. La proximité des lieux et la contiguïté des territoires ne suffisent pas à garantir des relations privilégiées dans l'arc méditerranéen : la connexité, l'intensité des liens et l'accessibilité des lieux seraient plus fondamentales. Les partenariats entre les différentes collectivités territoriales (NUTS 2, NUTS 3, agglomérations, etc.) et les logiques de co-développement seraient aussi plus fortes dans les dynamiques productives, les mobilités résidentielles, voire touristiques. Mais comment se réalisent la mise en réseau des économies et la diffusion des innovations, notamment celles des nouvelles technologies ? Quelles solidarités économiques et commerciales fondent notre espace d'étude ? Que produisent réellement comme territoires ces synergies par les réseaux ? Dans cet Arc Méditerranéen, quelles sont les modalités d'organisation territoriale qui relèvent d'effets de réseaux et apparaissent plus structurantes que des effets de surface ? De quelles manières se réalisent les connexions entre les réseaux locaux distincts, à l'image des sous-espaces métropolitains marseillais, azuréen et génois ?

Une deuxième série de questions porte sur une délimitation de l'Arc Méditerranéen . Où commence et où finit l'Arc Méditerranéen à travers l'analyse des réseaux ? Les caractéristiques de la région de Murcie sont-elles comparables à celles des régions de la Lombardie  ? Le gain en étendue et en taille de l'Arc Méditerranéen ne lui fait-il pas perdre de la cohérence interne, si cohérence interne il y a ? Est-il possible de délimiter un Arc Méditerranéen par l'analyse des réseaux d'entreprises, ou par l'étude des flux de transports ? Si oui, ces limites se superposent-elles ?

Un autre chantier est de déterminer la cohérence et l'intégration des régions à l'intérieur de l'Arc Méditerranéen . A partir des analyses des réseaux, peut-on définir une cohésion spatiale dans l'Arc Méditerranéen, au-delà de toutes ses disparités ? Retrouve-t-on sur tout l'Arc Méditerranéen les mêmes logiques d'organisation et de développement en termes de populations, d'activités ou d'équipements ? Quelles échelles prédominent dans les relations qui organisent l'Arc : régionale, interrégionale ou nationale ? Et comment les régions s'intègrent-elles dans l'espace d'étude ? Par exemple, deux régions bien connectées se ressemblent-elles plus que deux régions proches, mais non connectées ? L'intégration des régions dans l'Arc Méditerranéen amène-t-elle à l'émergence de nouvelles interactions ? Ou au contraire, les fonctionnements des réseaux connaissent-ils des dysfonctionnements internes ?

Une quatrième perspective de travail s'intéresse à la spécificité de l'Arc Méditerranéen dans le contexte europée n. Sachant que cet espace a été retenu par l'Union Européenne comme un territoire de développement alternatif à la dorsale européenne et à l'Arc atlantique, comment se positionne-t-il dans la construction européenne, aussi bien en termes de poids que d'identité forte ? Quelle est l'imbrication de l'Arc avec d'autres espaces transfrontaliers ou macro-régionaux, voire même quelles sont ses relations avec d'autres grandes régions (reconnues comme arcs ou non) ? Tout simplement, quelle est la connexion entre l'Arc Méditerranéen et la Mégalopole Européenne  ?

Une dernière question importante est de s'intéresser précisément à la relation entre structuration d'un espace en arc et dynamique et forme des réseaux . Comment la présence de certains types de réseau permet-elle de faire fonctionner l'Arc Méditerranéen ? La configuration de certains axes et nœuds entraîne-t-elle des fractures et une perte de cohésion de l'Arc ? L'Arc Méditerranéen est-il défini par une continuité territoriale ou par une tendance à la fragmentation ? Quels relais et quels pôles peuvent être définis dans le fonctionnement des réseaux ? La forme des réseaux détermine-t-elle la forme de l'Arc Méditerranéen ? Des réseaux hiérarchiques ou d'autres plus centralisés entraînent-ils des fonctionnements différents dans l'Arc ?

Ces questionnements restent des pistes de recherche qui exposent la richesse de cette approche de l'Arc Méditerranéen par les réseaux. Le projet devra sans doute choisir d'approfondir certains points, notamment lors de sa phase de démarrage, au détriment de certains autres.

 

Modalités de fonctionnement du groupe et étapes de travail

Le fonctionnement du groupe est basé sur une approche complémentaire d'une même question : comment les structures et les formes de réseaux permettent-elles d'établir l'existence et le fonctionnement d'un Arc Méditerranéen ? Les réponses sont fondées sur une approche comparative et combinée de ces différents types de réseaux sur l'ensemble du territoire méditerranéen latin.

Des réunions semestrielles permettront de mettre en place le programme de travail suivant et de discuter des résultats obtenus :

Etape initiale  : Affinement de la problématique, identification des thèmes à privilégier et constitution des sous-groupes de travail.

Première étape  : Identification, évaluation des bases de données existantes et représentation cartographique des réseaux. Cette étape, préalable aux analyses, permet de mettre en place un ensemble d'informations cohérentes sur tout l'Arc Méditerranéen et de définir les modes de représentation cartographique les plus adéquats pour représenter les lieux en interaction.

Deuxième étape  : Réalisations d'analyses thématiques pour définir concrètement les réseaux de relations dans l'Arc Méditerranéen. A partir de travaux sur des flux matériels (logistique, échanges d'étudiants, fréquentation touristique, trafic aérien, etc.) ou immatériels (téléphone, liens internet, échanges bancaires, investissements des entreprises, réseaux scientifiques etc.), et d'analyses de caractéristiques spatiales de l'Arc Méditerranéen, il s'agit de comprendre la cohérence du territoire de l'Arc Latin et de saisir le niveau d'intégration des espaces qui le composent. Cette étape permet de donner de la matérialité à l'idée de territoire en réseau : quels sont les nœuds et arcs, variables selon les thématiques, de l'espace d'étude ?

Troisième étape  : Etude des réseaux précédemment définis par des méthodes d'analyse spatiale. Les outils de la théorie des graphes seront sollicités pour des calculs d'indices de connectivité, de centralité, d'intermédiarité (capacité d'un nœud à contrôler les relations entre les autres nœuds etc.). Ces travaux permettront de répondre précisément à trois questions : quels sont les lieux favorisés par les mises en réseaux dans l'Arc Méditerranéen et ceux qui ne le sont pas ? Quels sont les avantages et contraintes de la mise en réseau pour ces espaces, en comparaison d'autres complémentarités et concurrences ? En quoi une approche des territoires par les réseaux est-elle plus efficace et instructive que celle qui les appréhende plutôt de manière aréale ?

Quatrième étape  : Analyse intégrée des résultats d'analyse des réseaux des étapes précédentes. L'objectif est de parvenir à articuler les formes de réseaux pour en identifier à la fois les noyaux durs et les lieux moins intégrés (parce qu'entretenant davantage de relations avec d'autres lieux). Il faudra à cette fin mobiliser des outils comme l'analyse multi-graphes et tester la validité de la transposition d'outils de la sociologie en analyse spatiale : étude des « cliques » [DEG 04], c'est-à-dire le repérage transversal des nœuds appartenant aux mêmes réseaux ; identification des « liens faibles » et des « liens forts » [GRA 73] pour évaluer la cohésion, les complémentarités et le fonctionnement des sous-espaces de l'Arc.

 

Composition du groupe de travail

Nom Prénom

Statut

Site

Grasland Loïc

PR

Avignon

Emsellem Karine

MCF

Nice

Christofle Sylvie

MCF

Nice

Cicille Patricia

IR

Avignon-Montpellier

Decoupigny Fabrice

MCF

Nice

Fusco Giovanni

MCF

Nice

Genre-Grandpierre Cyril

MCF

Avignon

Kaddouri Lahouari

MCF

Avignon

Robert Samuel

IE

Nice

Sillère Guérino

IE

Avignon-Montpellier

Voiron Christine

PR

Nice

 

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[VOI 03a] VOIRON-CANICIO C., (2003a), « L'arc méditerranéen : dynamiques territoriales et rapprochements interrégionaux », Territoires 2020, n°7, pp. 17-22.

[VOI 03b] VOIRON-CANICIO C., (2003b), Recherche sur l'émergence des structures réticulaires à partir de la dynamique du bâti. Participation aux travaux de recherche intersites UMR-Espace.

[VOI 92] VOIRON-CANICIO C., (1992), Espace, structures et dynamiques régionales. L'arc méditerranéen, Thèse de Doctorat d'Etat, Université de Nice, 549 p.

 

 

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ESPACE : Étude des Structures, des Processus d'Adaptation
et des Changements de l'Espace

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