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•  Groupe « Forme »
   (resp. Ph. Martin, G. Maignant)

Origine et motivation du projet

Le projet du Groupe Forme prolonge le projet 2004-2007. Il s'appuie sur une série de réalisations au premier rang desquelles se place la tenue d'un colloque Géopoint (en collaboration avec le Groupe Dupont) qui a réuni environ 150 personnes en Avignon en juin 2004 sur le thème : La forme en géographie , et dont les actes papier (506 p.) ont été édités en mai 2006 sous la responsabilité de Ph. Martin. L'objectif du Groupe était, dans le quadriennal 2004-2007, entre autres choses, de réaliser un article commun. Cela n'a pu être fait en raison de la tournure prise par les évènements. D'une certaine façon, cet objectif n'a pas été réalisé parce qu'il était dès le départ dépassé. Le projet initial avait davantage pour ambition de mettre en route une réflexion, d'initier une dynamique, de proposer un nouvel axe de recherche que réellement de réaliser des activités importantes autour de cette thématique.

Il se trouve, et peut-être est-ce parce que ce problème est dans l'air du temps, que la question de la forme en géographie a immédiatement fait chorus, qu'elle a été saluée puis reprise par d'autres collègues, en particulier du Groupe Dupont, ce qui nous a conduits à initier une réflexion certes, mais au travers d'une double démarche de collaboration scientifique avec les Duponts, et de préparation matérielle du colloque Géopoint sur : La forme en géographie , avec les personnels techniques de l'université d'Avignon et l'UMR ESPACE à l'Université d'Avignon (cf. Bilan 2004-2007).

 

Motivation du projet

Le questionnement sur la Forme est un écho, encore trop faible en géographie, d'un questionnement qui traverse depuis 15 ou 20 ans au moins, l'ensemble des disciplines connexes à la nôtre et en particulier les mathématiques, la physique, la philosophie, voire la biologie, etc . (cf. la bibliographie générale). Il nous faut souligner que la géographie bien qu'ayant l'interface terrestre comme objet d'étude principal qui est nécessairement peuplée de formes, s'est inscrite bien tard dans cette recherche alors même qu'elle dispose d'un fond scientifique, d'une culture qui fait une large part à la forme sensible ce qui signifie, a contrario , qu'elle n'a guère cherché à l'objectiver (le pouvait-elle ? cf. l'obstruction galiléenne) autrement que comme l'aboutissement d'un processus, c'est-à-dire selon un axe paradigmatique plus temporel que spatial.

Ainsi la forme reste trop souvent en géographie seulement l'aboutissement de processus matériels. Cette façon de voir conduit à donner peu de sens à la configuration spatiale elle-même puisque les déterminants sont logés dans des méta-niveaux, lesquels d'ailleurs échappent grandement au champ habituel de la discipline. Il en est ainsi par exemple de la chimie ou de l'hydrodynamique pour l'érosion au sens strict en géographie physique, mais aussi de la sociologie ou de l'anthropologie en géographie humaine.

Or les morphologies anthropiques exhibent des caractéristiques, fractales par exemple, qui n'ont été ni voulues ni pensées (processus sans sujet), comme dans le cas des villes, ce qui implique nécessairement d'adjoindre une dimension plus spatiale et plus théorique à cette étude par les processus. En faisant cela, la forme acquiert un sens, dans la mesure où elle est objectivée (et espérons le un jour théorisée) dont l'utilité pour la géographie est indéniable et qui ne ressort pas, ou moins, de méta niveaux, ce qui permet de mieux affirmer le champ disciplinaire de la géographie et de dépasser la coupure entre géographie physique et géographie humaine.

 

Extension du projet initial de 2004 à 2006

Le projet ici présenté s'inscrit donc à la suite de ce premier travail et en fonction de lui. Ainsi est-il apparu pendant le colloque, puis après, lors du travail d'édition, que, d'une part, le thème de la forme rencontre un intérêt indéniable dans la communauté géographique mais aussi que, d'autre part, la réflexion de natures conceptuelle, théorique, voire même épistémologique sur cette question est encore particulièrement déficiente en géographie. En d'autres termes, les géographes rencontrent nécessairement, en raison de leur principal objet d'étude, la question de la forme mais ils ne peuvent en général l'aborder que sous un aspect assez banal, vernaculaire, descriptif en raison d'un déficit de conceptualisation ; ce dernier ayant certainement quelque chose à voir avec le fait qu'il n'existe pas en français d'ouvrage qui aborde scientifiquement cette question sous un angle géographique.

Il est évident que les actes du Géopoint 2004 sont un premier pas mais qui ne peut répondre à toutes les attentes dans la mesure où les propos tenus relèvent d'horizons, de postulats, de recherches différents dont les ateliers et les conférences peinent à faire la synthèse. En conséquence, et cela sera un des premiers objectifs du projet ici soutenu, nous chercherons à produire un ouvrage de réflexions synthétiques à l'issue de ce mouvement quadriennal, qui puisse être un outil de base pour tout géographe porté à ce type d'analyse spatiale nécessairement plus théorique et abstraite qu'une approche statistique (géostatistique ou autre). En d'autres termes, il faut dépasser le niveau de la description, qui est déjà une explication, mais limitée, pour aller vers une explication beaucoup plus générale car fondée sur des principes et/ou des axiomes.

Il y a une autre raison qui plaide pour ce choix d'un projet modulaire centré sur l'aporie de la géographie, c'est la question des structures mentales, des conceptions, des images, des références ou de présupposés qui forment ce fond culturel qui repousse la question de la forme parce qu'elle serait une contrainte en contradiction avec les choix collectifs et individuels pensés comme ne ressortant que du libre arbitre. Ainsi que nous dit A. de Tocqueville : « ils [les Américains] aiment à voir très clairement l'objet dont ils s'occupent ; [...]. Cette disposition de leur esprit les conduit bientôt à mépriser les formes, qu'ils considèrent comme des voiles inutiles et incommodes placés entre eux et la vérité » (1840-I-II, p. 12 in Ph. Martin, 2006, p. 33). Et A. de Tocqueville d'ajouter « [...] rien ne révolte plus l'esprit humain dans ces temps d'égalité que l'idée de se soumettre à des formes »
(1840-I-II, p. 30 in Ph. Martin, 2006, p. 33). S'il semble assez clair que les scientifiques, les physiciens, les mathématiciens, les biologiques, etc. aient pu ne pas trop aborder cette question de société en se focalisant sur les nécessités opérationnelles de leurs disciplines respectives depuis 20 ans au moins qu'ils ont reconsidéré l'obstruction galiléenne, il n'en est pas moins évident que pour la géographie qui est par construction à cheval sur les sciences de
le terre, de la vie et de l'homme, il ne peut en être pareillement. Une stratégie d'évitement aboutirait à coup sûr à un effet boomerang. En conséquence, il conviendra aussi de se pencher sur cette question les structures anthropologiques, sociologiques, politiques qui conditionnent le déploiement de la problématique de la forme. En cela la forme est bien géographique, complexe, multiple, car s'enracinant dans la société tout autant que
dans la nature.

 

Attendus sur le projet 2008-2011

Pour réaliser ces objectifs, il y a plusieurs possibilités. Soit se plonger à deux ou trois pendant un temps assez long dans la rédaction d'un ouvrage ; soit engager une dynamique collective, donc plus large, dont on espère qu'elle aboutira à la publication d'un tel ouvrage.

Il est clair que, dans un bon nombre de domaines relativement techniques, physiques ou mathématiques par exemple, touchant à la question de la forme, nous ne disposons pas encore, en interne, d'une connaissance assez large et assez fine. De même il est très peu soutenable qu'une seule personne ou même deux ou trois puissent actuellement réaliser une synthèse satisfaisante des connaissances disponibles en géographie sur la question de la forme. Ces faits objectifs, associés au choix d'une dynamique collective de réseau conforme à la structuration d'ESPACE, nous conduisent à envisager une autre solution qui articule ressources internes et apports externes au Laboratoire, ressources des pôles et connaissances personnelles. Il convient à ce niveau de donner des précisions quant aux modalités pratiques du projet envisagé c'est-à-dire à la mécanique qu'il est prévu de mettre en place afin que chacun se sente réellement impliqué et conscient des tâches à réaliser. Il est apparu tout à fait vain de penser reconduire une dynamique tendue vers la réalisation d'un nouveau colloque. Par contre il a semblé logique voire même rationnel, d'une part, d'utiliser l'expérience acquise dans l'organisation de cette manifestation importante et d'autre part, de valoriser une certaine connaissance accumulée sur cette question.

Ce qui parait important aussi à la lumière du Géopoint 2004 c'est d'agir en fonction d'un but et en respectant un rythme. Il paraît assez vain d'envisager des réunions pour simplement évoquer cette question dans la mesure où les sollicitations, la charge assumée par les uns et les autres sont si importantes que seule une motivation forte peut permettre d'envisager de dégager du temps. C'est donc une adhésion intellectuelle de chacun à hauteur d'un engagement personnellement déterminé qu'il faut viser. De même, chaque participant doit pouvoir trouver un juste retour de son investissement.

Ainsi paraît-il souhaitable d'enchâsser cette recherche de formation personnelle que chaque membre du groupe peut porter, dans une dynamique collective qui aille beaucoup plus loin et qui le porte. D'une certaine façon, il est proposé à chacun de mettre la main à la pâte en envisageant la mise sur pied d'une école thématique à vocation nationale où nous pourrions d'une part faire venir les principaux penseurs de la forme non-géographes (philosophes, mathématiciens, physiciens, biologistes, etc.), les principaux collègues géographes qui se sont penchés sur cette question en géographie physique et en géographie humaine, et un public de participants choisis sur dossier ; soit 20 ou 30 auditeurs géographes ou non.

Le Groupe aura pour tâche principale de discuter avant les questions scientifiques qui sont à la base d'une telle rencontre. Ce faisant, nous en apprendrons mutuellement beaucoup plus que simplement en programmant quelques réunions. Bien évidemment les principaux organisateurs de l'école thématique pourront aussi, s'ils le désirent, être des auditeurs et pour certains des intervenants.

Il est clair que la pièce maîtresse de cette école sera le volume publié à l'issue de son déroulement. En toute logique, il devra contenir aussi bien les textes des conférenciers et/ou les audio-vidéos des conférenciers que les échanges dans des ateliers ou à la suite de présentations. Ceci nécessitera un lourd travail d'éditeur qui s'étalera vraisemblablement sur au moins 18 à 24 mois. Apparaissent à ce niveau des questions très pratiques mais qu'il faudra trancher comme celle du copy right ou du copy left par exemple, des droits d'auteur, du support de publication, etc.

Composition du groupe Forme

Nom Prénom

Statut

Site

Martin Philippe

MCF HDR

Avignon

Ellerkamp Philippe

MCF

Avignon

Charre Joël

PR

Avignon

Maignant Gilles

CR

Nice

Voiron Christine

PR

Nice

Emsellem Karine

MCF

Nice

Bailly Eric

MCF

Nice

Ferrier Jean-Paul

PR

Aix –Marseille 1

 

Conclusions

Le projet de ce groupe se fonde -1- sur une question fondamentale qui fait retour et qui traverse toutes les disciplines et sur laquelle la géographie est hésitante ; -2- sur un retour d'expérience qui permet de voir plus grand et plus large et donc de proposer une manifestation d'ampleur nationale à haut contenu scientifique ; -3- sur une dynamique qui articulera au moins trois niveaux : celui des sites, celui du réseau de l'UMR et celui de la communauté nationale et trois temps : celui de la préparation, celui de la manifestation et celui de la publication.

 

Eléments bibliographiques Généraux

Bejan A. et Lorente S., 2004, La loi constructale . Coll. Epistémologie et philosophie des sciences. L'Harmattan éditeur, Paris, 109 p.

Boutot A., (1993), L'invention des formes . Odile Jacob éditions, Paris, 376 p.

Chandebois R., (1989), Le gène et la forme ou la démythification de l'ADN . Coll.: Espace science, Editions Espaces 34, Montpellier, 239 p.

Fivaz R., (1989), L'ordre et la volupté. Essai sur la dynamique esthétique dans les arts et dans les sciences. Presses Polytechniques Romandes, TecDoc Lavoisier diffusion, 167 p.

Fleury V., (1998), Arbres de pierre. La croissance fractale de la matière . Flammarion , Paris, coll.: Nouvelle Bibliothèque Scientifique, 334 p.

Focillon H., (1943), Vie des formes . Coll.: Quadrige, Presses universitaires de France, Paris, 6ème édition, 1996, 131 p.

Guillaume P., (1979), La psychologie de la forme . Coll.: Champs , Flammarion éditeur, Paris, 258 p.

Granger G. G., (1999), La pensée de l'espace . Editions Odile Jacob, Paris, coll.: Philosophie, 238 p.

GROUPE DUPONT et UMR ESPACE (dir.) . , (2006), Géopoint 2004 : La forme en géographie , Avignon.

MARTIN P. (2004), Modélisation fractale et structurelle des formes en géographie. Réflexion développée à partir d'exemples karstiques . Habilitation à Diriger les Recherches. Université d'Avignon et des Pays du Vaucluse, tome 1, 173 p., tome 2, 314 p., tome 3, 176 p. 1 carte coul. ht.

Petitot J., (2004), Morphologie et esthétique . Maisonneuve & Larose éditeur, Paris, 374 p.

Thom R., (1977), Stabilité structure et morphogenèse . 2 ème édition, InterEditions, Paris, 351 p. ; 1 ère édition anglaise : 1972.

Huyghe R., (1971), Formes et forces. De l'atome à Rembrandt . Flammarion éditeur, Paris, 443 p.

Kohler W., (2000), Psychologie de la forme . Gallimard éditeur, coll.: folio essais n°363, 383 p.

Sheldrake R., (2003), Une nouvelle science de la vie . Editions du Rocher, Monaco, 233 p.

Schwenk Th., (1992), Le chaos sensible . Editions Triades, Paris, 144 p., cahier photos nb, 88 p. ; 1ère édition allemande : 1962, 1ère édition française : 1963.

TOCQUEVILLE A. de, 1840, De la démocratie en Amérique II, 1ère et 2ème partie,
http://www.uqac.uquebec.ca/zone30/Classiques_des_sciences_sociales/classiques/De_tocqueville_alexis/democratie 2/democratie_t2_1.pdf

 

 

 

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