Le CNRS
Accueil SHS
Autres sites CNRS
 
  Accueil > Projets intersites > Axe Structuration des territoires > Interfaces et systèmes spatiaux
 

•  Groupe « Interfaces et systèmes spatiaux,
                    fonctionnement et dynamiques »
   (resp. J.-C. Gay, P. Allard, G. Fusco)

Le nouveau projet de recherche de l'axe « Interfaces et systèmes spatiaux : fonctionnement et dynamiques » de l'UMR 6012 ESPACE se place dans la continuité des travaux de l'axe « Discontinuités, interfaces et organisation de l'espace » du quadriennal précédent. Plus précisément, il relève de la volonté de ses participants de poursuivre le développement de nouveaux domaines de réflexion de l'espace géographique à partir des acquis de connaissance ainsi que du réseau de collaborations scientifiques issus du projet de recherche précédent. Ainsi, le groupe pourra compter sur l'apport de membres associés (déjà membres du groupe du précédent quadriennal) et sur des relations avec d'autres réseaux de recherche (GDRE S4).

Dans l'axe « Discontinuités, interfaces et organisation de l'espace », nous avons mis en évidence l'existence d'un « système interface » comme élément permettant échange et/ou régulation autour d'une discontinuité spatiale. Dans une approche opérationnelle, il s'agit maintenant de positionner ce concept dans l'analyse des dynamiques spatiales. Ainsi, les interfaces vont être étudiées dans leurs dynamiques temporelles (1). Cela nous conduira à nous interroger sur le rôle des acteurs dans la formation, le développement et l'exploitation des interfaces (2). La modélisation spatiale permettra alors d'intégrer dynamiques et acteurs dans une approche opérationnelle de simulation et d'évaluation des interfaces et des territoires interfacés (3). En particulier, on s'intéressera dans ces trois démarches aux interfaces entre des niveaux d'organisations ( interface multi-niveaux ) qui structurent le territoire et le transforment. Les apports de différentes disciplines (géographie, histoire, sociologie, économie spatiale…) et de méthodes mobilisées (théorie des graphes, petit monde, systémique, analyse spatiale) seront nécessaires au développement de la recherche.

 

1. Temporalités et dynamiques des interfaces

Une interface ne peut être uniquement saisie dans son fonctionnement instantané, immédiat mais elle s'inscrit dans une temporalité. Sa création est datée ; le rôle, le fonctionnement, l'efficience peuvent évoluer dans le temps selon des modalités variables. En outre, des interfaces qui ont joué un grand rôle par le passé peuvent avoir disparu [REN 97]. Une interface contient une part d'héritage liée à ses conditions d'émergence et à son évolution. Ces traces relictuelles qui peuvent être matérielles ou immatérielles sont un facteur d'explication du fonctionnement actuel [BAU et al 04], [BUL 02], [TRO et al 05]. L'efficience elle-même varie dans le temps jusqu'à éventuellement disparaître soit que la discontinuité ne soit plus, soit que d'autres interfaces plus performantes l'aient supplantée. Les interfaces disparues sont porteuses d'information sur les caractéristiques actuelles du territoire et de ce fait doivent être intégrées dans notre analyse territoriale. On peut émettre l'hypothèse de l'existence d'un cycle de vie d'une interface. Les temps du cycle seraient alors les suivants : genèse, montée en puissance, optimum, résilience ou déclin pouvant aller jusqu'à la disparition. Nous proposons de travailler sur chacune de ces temporalités et sur leurs interactions.

 

2. Stratégies d'acteurs mécanismes d'action

Les interfaces, de par leur rôle essentiel de régulation et d'échange, rôle exacerbé par la mondialisation et la multiplication d'interactions de tous ordres, sont des entrées clés pour l'analyse des stratégies et jeux d'acteurs (conflits, concertations, articulations public/privé…) [AUR et al 86]. Deux caractéristiques essentielles des interfaces nous amènent à penser que ces dernières permettent de comprendre les interventions des acteurs dans l'espace, à tous les moments des processus d'action [GUM et al 03]. La première concerne le principe même de fonctionnement des interfaces, qui mettent en contact plusieurs systèmes socio-spatiaux. Régulant, voire stimulant les échanges entre sociétés et espaces, acteurs et territoires, les interfaces se révèlent, de facto, des éléments majeurs à prendre en compte dans les processus de décision et ce, à différentes échelles. La deuxième caractéristique porte sur la multitude de leurs composantes, notamment des acteurs qui impulsent, gèrent, bénéficient ou subissent les interfaces [DIM 05], [CLA 03]. Celles-ci sont ainsi au cœur de la mise en place de stratégies spatiales et territoriales par une pluralité d'acteurs [EMS 03]. Les décisions prises et les mécanismes d'action d'aménagement en découlant entraînent des résultats, éléments matériels et immatériels, analysables à plusieurs niveaux. Par exemple, des décideurs urbains, souhaitant maximiser les flux touristiques vers leur commune et plus particulièrement développer le tourisme de réunions et de congrès, peuvent décider une stratégie globale d'attractivité, établir un plan d'aménagement touristique du territoire, et construire des équipements (d'hébergement, d'animation, d'accueil de congrès etc.). Le palais des congrès, interface fondamentale entre le monde et la cité, entre les différents acteurs du système des réunions et des congrès (organisateurs, congressistes…) est alors conjointement composante d'une stratégie et résultat d'une action d'aménagement [CHR 04], [STO 03].

 

3. Modélisation et évaluation de la performance des interfaces

Les travaux du groupe « interfaces » lors du quadriennal précédent ont permis d'approfondir le concept d'interface et de le positionner par rapport aux concepts proches que sont la discontinuité et la limite [GAY 95], [BRU et al 97]. Un premier modèle descriptif d'analyse sous la forme d'une grille de lecture a été développé (Groupe Interfaces 2006). Au-delà de cette grille, la compréhension du fonctionnement et de la performance des interfaces nécessite d'aborder d'autres types de modélisations, qui ont été développés par le groupe de travail dans le cadre de travaux plus généraux [PER 99], [FUS 05], [CHA et al 06], [DEC 06] : graphique (chorèmes, diagrammes sagittaux…), mathématique (statistiques, graphes, équations différentielles, logistique, intelligence artificielle…), etc.

Il s'agit de décrire le fonctionnement interne de l'interface et ses interactions avec les territoires interfacés afin de mieux comprendre leurs structures et leurs dynamiques [PUM et al 01], [SAN 01]. Pour ce faire, la démarche doit s'appuyer sur une formalisation des processeurs internes (attracteur, sélecteur, adaptateur, commutateur) et sur le calcul d'indicateurs spatiaux qui permettent d'évaluer la performance de l'interface en termes d'échange et de régulation [MAT 03], [FIN 02]. La modélisation permettra de simuler des modifications des composants internes de l'interface de manière à en optimiser le fonctionnement. A la dimension analytique s'ajoute une dimension prospective visant à tester des hypothèses d'évolution.

 

Une problématique transversale : les interfaces multi-niveaux

La problématique des interfaces multi-niveaux constitue une dimension transversale aux différentes directions de recherche. Nous nous interrogeons sur l'articulation entre les fonctionnements multi-niveaux des territoires par le biais d'interfaces. Par fonctionnement multi-niveaux, nous entendons l'interaction entre différents niveaux d'organisation au sein d'un même territoire [LAR 95]. Il peut s'agir de différentes échelles spatiales, de différents niveaux institutionnels ou d'acteurs, de différents niveaux de temporalités, mais également de différents niveaux d'intégration socio-économique [AMI 05] ou de différentes logiques spatiales (aréolaires et réticulaires).

Les logiques appartenant à différents niveaux entrent en contact par des éléments particuliers ou des portions réduites d'espace : des zones d'échange, des points d'ancrage des différentes hiérarchies spatiales, etc. Ce sont ces éléments qui assurent l'articulation entre niveaux que nous appelons « interfaces multi-niveaux ». Ainsi, les différents niveaux ont toujours besoin d'interfaces pour entrer en interaction. A l'inverse, les interfaces ne se développent pas toujours entre différents niveaux (voir la distinction entre interfaces horizontales et verticales employée lors des travaux du dernier quadriennal).

En se focalisant sur les interfaces multi-niveaux, les objectifs du groupe sont multiples :

  • élucider le lien entre les temporalités de l'interface et les temporalités des espaces interfacés ;
  • mettre en évidence les synergies et/ou contradictions (entre stratégies d'acteurs, par exemple) que l'interface permet d'articuler, de réguler, etc ;
  • évaluer le rôle de l'interface au fonctionnement de chaque niveau et de façon duale comprendre l'apport de chaque niveau dans le fonctionnement du « système interface ».

Les recherches sur les interfaces multi-niveaux ont jusqu'à présent été principalement développées dans le domaine des transports [CHA 97, 03], [CHA et al 03], [DEB 05] même si elles n'ont pas été formalisées en tant que telles [MEN 97, 00]. De façon plus générale, notre projet sur les interfaces multi-niveaux vise à contribuer aux débats sur les relations local-global [CAS 98], [SAS 02, 06], [VEL 96] en précisant les éléments d'interaction entre les niveaux et leur fonctionnement. Le projet SPANGEO (piloté par l'UMR ESPACE et soutenu par l'ANR) développe actuellement des méthodes et des outils qui permettront de tester des hypothèses émises par le groupe sur les interfaces multi-niveaux (http://S4.parisgeo.fr/spangeo).

 

Composition du groupe de recherche

Nom Prénom

Site

Statut

Rôle

Allard Paul

Aix-Marseille 2

PR

Coordinateur

Fusco Giovanni

Nice

MCF

Coordinateur

Gay J.-Christophe

Nice

PR

Coordinateur

Chapelon Laurent

Montpellier

MCF

Membre associé

Christofle Sylvie

Nice

MCF

Membre UMR

Claeys-Mekdade C.

Aix-Marseille 2

MCF

Membre UMR

Decoupigny Fabrice

Nice

MCF

Membre UMR

Emsellem Karine

Nice

MCF

Membre UMR

Ferrier J.-Paul

Aix-Marseille 1

PR

Membre UMR

Kaddouri Lahouari

Avignon

MCF

Membre UMR

Lampin C.

Aix-Marseille 1

IE

Membre associée

Lavaud-Letilleul V.

Montpellier

MCF

Membre associée

Perez Sandra

Nice

MCF

Membre UMR

Rozenblat Céline

Lausanne

PR

Membre associée

 

Références bibliographie

[AMI 05] Amiel M., Melançon G., Rozenblat C . (2005), « Réseaux multi-niveaux : l'exemple des échanges aériens mondiaux de passagers », Mappemonde , 79, Septembre, http://mappemonde.mgm.fr/num7/articles/art05302.html

[AUR et al 86] Auriac F., Brunet R . (1986), Espaces, jeux et enjeux , Paris, Fayard, 343 p.

[BAU et al 04], Baudelle G., Régnault H . (2004), Echelles et temporalités en géographie , Paris : Sedes, 175 p.

[BRU et al 97] Brunet R., François J.-Ch. et Grasland C ., (1997), « La discontinuité en géographie : origines et problèmes de recherche - entretien de C. Grasland et J.-Ch. François avec R. Brunet ». L'Espace Géographique , n° 4.

[BUL 02] Buléon P . (2002), Spatialités, temporalités, pensée complexe et logique dialectique moderne , EspacesTemps.net, textuel du 01.05.2002, http://espacestemps.net/document339.html

[CAS 98] Castells M . (1998), La société en réseaux , tome 1 de L'ère de l'information , Paris : Fayard.

[CHA 97] Chapelon L. (1997), Offre de transport et aménagement du territoire : évaluation spatio-temporelle des projets de modification de l'offre par modélisation multi-échelles des systèmes de transport, thèse de doctorat en aménagement de l'espace et urbanisme, université François Rabelais, Tours. 558 p.

[CHA 03] Chapelon L . (2003), « Evaluation des chaînes intermodales de transport : l'agrégation des mesures dans l'espace et le temps », In Technological innovation for Land transportation (TILT) / Actes du colloque tenu à Lille du 2 au 4 décembre 2003. - Lille : Groupement régional Nord-Pas-de-Calais pour la recherche dans les transports, pp. 167-178,
http://www.grrt.fr/html/travaux/conferences.php?action=detail&id_document=86

[CHA et al 03] Chapelon L., Bozzani S . (2003), « L'intermodalité air-fer en France : une méthode d'analyse spatiale et temporelle », L'Espace Géographique , n° 1. - pp. 60-76

[CHA et al 06] Chapelon L , Jouvaud B., Ramora S . (2006), « Pour un système intégré de pré- et post-acheminement des trafics ferroviaires grandes lignes », Mappemonde , n°81, 1-2006.

[CHR 04] Christofle S. (2004), « Stratégies métropolitaines et tourisme de réunions et de congrès international en France », Hommes et Terres du Nord , Vol 2, pp. 16-27.

[CLA 03] Claeys-Mekhade C . (2003), Le lien politique à l'épreuve de l'environnement. Expériences camarguaises, Peter Lang, PIE, Bruxelles, 240 p.

Courgeau D. (dir.) (2003), Methodology and epistemology of multilevel analysis. Approaches from different social sciences , Dordrecht : Kluver Academic Publishers, Methodos Series, vol. 2, 235 p.

[DEB 05] Debrie J., Eliot E., Soppe M. (2005), « Un modèle transcalaire des nodalités et polarités portuaires : exemple d'application au port de Hambourg », Mappemonde , numéro spécial « réseaux et territoires en mouvement », n° 79, http://mappemonde.mgm.fr/num7/articles/art05304.html

[DEC 06] Decoupigny F. (2006), « Métropolisation des espaces naturels : application à la Région Provence Alpes Cote d'Azur », In Entre réseaux et systèmes. Les nouveaux espaces régionaux , SS Dir de Juan-Luis Klein et Carole Tardif. Édition CRDT-GRIDEQ-CRISES, Rimouski

[DIM 05] Di Méo G. et Buléon P. (2005), L'espace social : une lecture géographique des sociétés , Paris, Armand Colin, 303 p.

[EMS 03] Emsellem K. (2006), « Pour une géographie des espaces intermédiaires », Colloque Géopoint Demain la géographie, 6 p.

[FIN 02] Finke G. (2002), Recherche opérationnelle et réseaux : méthodes d'analyse spatiale , ouvrage collectif ss dir de Gerd Finke, Traité IGAT, ed. Hermes.

[FUS 05] Fusco G . (2005), « Dynamiques territoriales et métropolisation sur le littoral de Provence-Alpes-Côte d'Azur - Une application des réseaux bayésiens », XLIe Colloque de l'ASRDLF, Dijon 5-7 septembre 2005, http://ungaro.u-bourgogne.fr, 32 p.

[GUM et al 03] Gumuchian H., Grasset E., Lajarge R . (2003), Les acteurs, ces oubliés du territoire , Paris, Anthropos, 186 p.

[GAY 95] Gay, J-Ch . (1995), Les discontinuités spatiales , Paris, Economica

Groupe Interfaces , (2006) (en cours de soumission), « L'interface : une nouvelle grille de lecture et de compréhension des structures et dynamiques spatiales ? », L'Espace Géographique , 17 p.

[LAR 95] Larcena D., Pokoup S., Quaracino F., Sandoz A . (1995), Hiérarchie de niveaux et des fonctionnalités , Actes du Colloque Cassini 1995, Marseille.

LAVAUD-LETILLEUL (2005), « L'aménagement de nouveaux terminaux à conteneurs et le renouvellement de la problématique flux-territoire dans les ports de la Rangée Nord », Flux, n°59, pp. 33-45.

[MAT 03] Mathis Ph . (2003), Graphes et réseaux, modélisation multiniveau , ouvrage collectif sous la direction de Philippe Mathis, Traité IGAT, ed. Hermes.

[MEN 97] Ménérault Ph . (1997), Processus de territorialisation de la grande vitesse ferroviaire : le TGV et les régions : le cas du Nord-Pas de Calais , INRETS, 102 p.

[MEN 00] Ménérault Ph . (2000), Appropriation régionale de la grande vitesse ferroviaire et rôle des régions dans la dynamique des réseaux : le cas du TGV en Wallonie et en Bretagne , GRRT (Groupement Régional Nord-Pas de Calais pour la Recherche dans les Transports).

[PER 99] Perez S . (1999), Analyse spatiale des régions frontalières et des effets de frontière : application aux espaces frontaliers franco-espagnols du Pays Basque et de la Catalogne , et à l'espace franco-italien des Alpes du Sud , Thèse de Doctorat, Université de Nice, 367 p.

[PUM et al 01] Pumain D., Saint Julien Th . (2001), Les interactions spatiales , Paris, Armand Colin.

[REN 97] Renard J.-P . (1997), Le géographe et les frontières , Paris : L'Harmattan

[SAN 01] Sanders L . (2001), Modèles d'analyse spatiale , ouvrage collectif ss dir de Lena Sanders, Traité IGAT, ed. Hermes

[SAS 02] Sassen S . (2002), Global networks, linked cities , New York  : Routledge

[SAS 06] Sassen S . (2006), Territory, Authority, Rights: From Medieval to Global Assemblages , Princeton: Princeton University Press

[STO 03], Stock M. (dir) (2003), Le tourisme : acteurs, lieux et enjeux , Paris, Belin, 304 p.

[TRO et al 05] Trochet Ph., Boulanger J.-R., Joseph B. (2005), Où on est la géographie historique ? Entre économie et culture , Paris : L'Harmattan, 348 p.

[VEL 96] Veltz P . (1996), Mondialisation, villes et territoires : une économie d'archipel . Paris : Presses Universitaires de France.

 

 

Annuaire

ESPACE : Étude des Structures, des Processus d'Adaptation
et des Changements de l'Espace

Imprimer Contact Plan du site Crédits Accueil